Quels examens orthopédiques sont effectués systématiquement à la naissance ?

L’examen orthopédique du nouveau-né est un moment crucial pour détecter précocement d’éventuelles anomalies congénitales. Ces examens minutieux, réalisés dès les premières heures de vie, permettent d’identifier et de prendre en charge rapidement des problèmes qui, s’ils étaient négligés, pourraient avoir des conséquences importantes sur le développement de l’enfant. De la tête aux pieds, chaque partie du corps du nourrisson est observée et évaluée avec attention par des professionnels de santé formés. L’objectif est de s’assurer du bon développement musculo-squelettique et de repérer toute asymétrie ou malformation qui nécessiterait un suivi ou un traitement spécifique.

Examen de la hanche par la manœuvre d’ortolani

La manœuvre d’Ortolani est l’un des examens orthopédiques les plus importants réalisés systématiquement à la naissance. Cette technique permet de dépister la luxation congénitale de la hanche, une condition qui, si elle n’est pas traitée précocement, peut entraîner des complications à long terme telles que des boiteries ou de l’arthrose précoce.

Le pédiatre place le nouveau-né sur le dos, les hanches et les genoux fléchis à 90 degrés. Il saisit ensuite les cuisses de l’enfant avec ses mains, les pouces placés sur la face interne des cuisses. En exerçant une légère abduction (écartement) des hanches tout en les poussant vers le haut, le médecin cherche à sentir un ressaut caractéristique qui indiquerait que la tête fémorale, initialement luxée, se remet en place dans l’acétabulum (la cavité de la hanche).

Il est important de noter que la sensibilité de cette manœuvre diminue rapidement après les premières semaines de vie. C’est pourquoi elle est systématiquement réalisée dès la naissance et répétée lors des examens de suivi du nourrisson. En cas de doute ou de résultat positif, une échographie de la hanche sera prescrite pour confirmer le diagnostic et guider la prise en charge.

La détection précoce d’une luxation congénitale de la hanche permet une prise en charge simple et efficace, souvent par un simple harnais de maintien, évitant ainsi des traitements plus invasifs à l’avenir.

Dépistage du pied bot par l’analyse morphologique

L’examen des pieds du nouveau-né est une étape essentielle de l’évaluation orthopédique. Le pédiatre recherche en particulier la présence d’un pied bot, une malformation congénitale qui touche environ 1 naissance sur 1000. Cette condition se caractérise par une déformation tridimensionnelle du pied, qui apparaît tourné et fixé dans une position anormale.

L’analyse morphologique du pied comprend plusieurs étapes :

  • Observation de la position spontanée du pied
  • Évaluation de la mobilité de la cheville et du pied
  • Palpation des structures osseuses et des tendons
  • Comparaison avec le pied controlatéral

Le pédiatre examine attentivement la forme du pied, la position du talon, l’alignement de l’avant-pied et la présence éventuelle de plis cutanés asymétriques. Dans le cas d’un pied bot varus équin, on observe typiquement un pied en flexion plantaire (équin), tourné vers l’intérieur (varus) avec une déformation en creux de la voûte plantaire (cavus).

Si une anomalie est suspectée, des examens complémentaires tels que des radiographies ou une IRM peuvent être prescrits pour préciser le diagnostic. La prise en charge d’un pied bot doit être initiée rapidement, idéalement dans les premières semaines de vie, pour optimiser les chances de correction.

Évaluation de la colonne vertébrale pour la scoliose congénitale

Bien que la scoliose idiopathique de l’adolescent soit plus fréquente, la scoliose congénitale peut être détectée dès la naissance. Cette forme de scoliose est due à des malformations vertébrales présentes in utero et nécessite une prise en charge précoce pour prévenir une aggravation rapide de la déformation rachidienne.

Inspection visuelle de la symétrie du dos

L’examen débute par une inspection visuelle minutieuse du dos du nouveau-né. Le pédiatre recherche toute asymétrie au niveau des épaules, des omoplates ou du bassin. Il observe également l’alignement de la colonne vertébrale et la présence éventuelle de stigmates cutanés tels que des touffes de poils, des nævi ou des fossettes sacro-coccygiennes qui pourraient indiquer une malformation sous-jacente.

La palpation du rachis permet de détecter d’éventuelles anomalies de la forme ou de la position des vertèbres. Une attention particulière est portée à la recherche de gibbosités , ces saillies asymétriques du thorax ou des lombaires qui peuvent être le signe d’une rotation vertébrale.

Test d’adam pour évaluer la rotation vertébrale

Bien que le test d’Adam soit plus couramment utilisé chez les enfants plus âgés capables de se pencher en avant, une version adaptée peut être réalisée chez le nouveau-né. Le pédiatre soulève délicatement le bébé en position ventrale et observe le dos à la recherche d’une asymétrie du relief costal ou para-vertébral qui pourrait indiquer une rotation vertébrale.

Cette manœuvre permet de mettre en évidence des déformations subtiles qui pourraient passer inaperçues lors de l’inspection en position couchée. Elle est particulièrement utile pour détecter les scolioses congénitales à un stade précoce, avant que la déformation ne devienne évidente.

Utilisation du scoliomètre de bunnell

Le scoliomètre de Bunnell est un outil simple mais efficace pour quantifier objectivement la rotation du tronc. Bien que son utilisation soit plus courante lors du dépistage de la scoliose chez les enfants d’âge scolaire, certains pédiatres l’emploient pour évaluer les nouveau-nés présentant des signes suspects.

L’appareil est placé perpendiculairement à la colonne vertébrale au niveau de la plus grande gibbosité. La lecture de l’angle de rotation du tronc permet de quantifier la déformation et de suivre son évolution au fil du temps. Un angle supérieur à 7 degrés est généralement considéré comme significatif et nécessite un suivi plus approfondi.

La détection précoce d’une scoliose congénitale permet de mettre en place une surveillance étroite et, si nécessaire, d’initier un traitement conservateur ou chirurgical avant que la déformation ne devienne trop importante.

Détection des malformations des membres supérieurs

L’examen orthopédique du nouveau-né inclut une évaluation minutieuse des membres supérieurs pour détecter d’éventuelles malformations congénitales. Ces anomalies peuvent affecter la fonction future du bras et de la main, d’où l’importance d’un diagnostic précoce pour une prise en charge optimale.

Examen de la mobilité articulaire des épaules

Le pédiatre évalue la mobilité des épaules en effectuant doucement des mouvements de rotation, d’abduction et d’adduction. Il recherche une éventuelle limitation de l’amplitude articulaire ou une asymétrie entre les deux côtés. Une attention particulière est portée à la détection d’une paralysie obstétricale du plexus brachial, qui peut survenir lors d’accouchements difficiles.

L’examen inclut également la palpation des clavicules pour détecter d’éventuelles fractures de naissance, qui se manifestent par un cal osseux palpable ou une douleur à la mobilisation.

Évaluation de la flexion-extension des coudes

Les coudes sont examinés pour vérifier leur mobilité en flexion et en extension. Le pédiatre recherche une éventuelle raideur ou, au contraire, une hyperlaxité articulaire. Il observe également la symétrie des plis cutanés au niveau du coude, dont l’absence peut indiquer une anomalie sous-jacente.

Une attention particulière est portée à la détection de malformations telles que la synostose radio-ulnaire, qui limite la rotation de l’avant-bras, ou les déformations en flexion ou en extension du coude qui peuvent être associées à certains syndromes génétiques.

Vérification de la préhension et des doigts

L’examen des mains et des doigts est crucial pour détecter des anomalies qui pourraient affecter la fonction de préhension future. Le pédiatre observe la morphologie des mains, compte le nombre de doigts et évalue leur mobilité. Il vérifie également la présence du réflexe de préhension en stimulant la paume de la main du nouveau-né.

Les anomalies recherchées incluent :

  • La syndactylie (fusion des doigts)
  • La polydactylie (doigts surnuméraires)
  • L’ectrodactylie (absence de doigts)
  • Les déformations des pouces (pouce adductus)

La détection précoce de ces malformations permet d’orienter rapidement l’enfant vers un chirurgien pédiatrique spécialisé en chirurgie de la main pour une évaluation plus approfondie et la planification d’une éventuelle intervention correctrice.

Analyse de la symétrie faciale et crânienne

L’examen orthopédique du nouveau-né inclut une évaluation attentive de la symétrie faciale et crânienne. Cette analyse est importante pour détecter des anomalies congénitales qui peuvent avoir des implications fonctionnelles et esthétiques significatives.

Le pédiatre observe la forme générale du crâne, en recherchant des signes de craniosynostose , une fusion prématurée des sutures crâniennes qui peut entraîner une déformation de la tête. Il évalue également la symétrie du visage, en portant une attention particulière à la position des yeux, des oreilles et de la mâchoire.

Un examen spécifique est réalisé pour détecter un éventuel torticolis congénital, qui se manifeste par une inclinaison de la tête d’un côté avec rotation du menton du côté opposé. Cette condition est souvent associée à une asymétrie crânienne appelée plagiocéphalie positionnelle .

L’évaluation inclut la palpation des fontanelles pour vérifier leur taille et leur tension, ainsi que l’examen des sutures crâniennes pour s’assurer de leur ouverture normale. Toute asymétrie ou déformation notable doit faire l’objet d’un suivi et peut nécessiter des examens complémentaires tels qu’une échographie ou un scanner crânien.

Dépistage des anomalies du tonus musculaire

L’évaluation du tonus musculaire est une composante essentielle de l’examen orthopédique du nouveau-né. Des anomalies du tonus peuvent être indicatives de troubles neurologiques ou musculaires sous-jacents qui nécessitent une prise en charge précoce.

Test de traction pour évaluer l’hypotonie

Le test de traction est une manœuvre simple mais révélatrice pour évaluer le tonus musculaire global du nouveau-né. Le pédiatre saisit doucement les mains du bébé et le tire lentement en position assise. Un enfant avec un tonus normal présentera une résistance à la traction et maintiendra sa tête alignée avec le tronc pendant quelques secondes avant de la laisser tomber en arrière.

Une hypotonie se manifestera par une absence de résistance à la traction, avec une tête qui pend immédiatement en arrière. Ce signe peut être indicatif de diverses conditions neurologiques ou musculaires et nécessite une investigation plus approfondie.

Manœuvre du foulard pour l’hypertonie

La manœuvre du foulard est utilisée pour évaluer le tonus des membres supérieurs. Le pédiatre amène doucement le bras du nouveau-né vers l’épaule opposée, en observant jusqu’où le coude peut être amené par rapport à la ligne médiane du corps.

Chez un enfant avec un tonus normal, le coude ne dépasse pas la ligne médiane. Une hypertonie se manifestera par une résistance accrue au mouvement et une limitation de l’amplitude. À l’inverse, une hypotonie permettra au coude de dépasser largement la ligne médiane.

Évaluation des réflexes primitifs

L’examen des réflexes primitifs fait partie intégrante de l’évaluation neurologique et orthopédique du nouveau-né. Ces réflexes, présents à la naissance, doivent disparaître progressivement au cours des premiers mois de vie. Leur persistance ou leur absence peut indiquer un trouble neurologique.

Parmi les réflexes évalués, on trouve :

  • Le réflexe de Moro (réaction de sursaut)
  • Le réflexe de préhension palmaire et plantaire
  • Le réflexe de marche automatique
  • Le réflexe tonique asymétrique du cou

L’évaluation de ces réflexes permet non seulement d’apprécier l’intégrité du système nerveux, mais aussi de détecter d’éventuelles asymétries qui pourraient indiquer une atteinte neurologique focale.

L’examen orthopédique systématique du nouveau-né est un moment crucial pour la détection précoce d’anomalies congénitales. Il permet d’initier rapidement une prise en charge adaptée, optimisant ainsi les chances de correction et de développement normal de l’enfant.

L’évaluation des réflexes primitifs permet d’obtenir des informations précieuses sur le développement neurologique du nouveau-né. Une asymétrie ou une anomalie dans ces réflexes peut indiquer la nécessité d’un suivi plus approfondi par un neuropédiatre.

L’examen orthopédique complet du nouveau-né, incluant l’évaluation du tonus musculaire et des réflexes primitifs, est essentiel pour détecter précocement tout trouble neurologique ou musculaire pouvant affecter le développement moteur de l’enfant.

En conclusion, l’examen orthopédique systématique du nouveau-né est un processus complexe et minutieux qui couvre l’ensemble du système musculo-squelettique. De la tête aux pieds, chaque articulation, chaque membre et chaque réflexe est évalué avec attention. Cette approche globale permet non seulement de détecter des anomalies congénitales spécifiques comme la luxation de la hanche ou le pied bot, mais aussi d’identifier des signes subtils qui pourraient indiquer des troubles neurologiques ou musculaires plus généraux.

La précocité de cet examen est cruciale. En effet, de nombreuses conditions, si elles sont détectées et prises en charge rapidement, peuvent être corrigées avec des interventions relativement simples. En revanche, un diagnostic tardif peut compliquer considérablement le traitement et avoir des conséquences à long terme sur le développement et la qualité de vie de l’enfant.

Il est important de souligner que cet examen initial n’est que le début d’un suivi orthopédique qui se poursuivra tout au long de la croissance de l’enfant. Les parents jouent un rôle essentiel dans ce processus en étant attentifs au développement moteur de leur enfant et en signalant toute inquiétude à leur pédiatre lors des visites de routine.

Enfin, bien que cet examen soit très complet, il ne peut garantir la détection de toutes les anomalies possibles. Certaines conditions peuvent se manifester plus tard dans le développement de l’enfant. C’est pourquoi une vigilance continue et des examens de suivi réguliers restent essentiels pour assurer le meilleur développement possible à chaque enfant.

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