Depuis que la présentatrice Bela Gil nous a dit qu'elle avait mangé son propre placenta, l'internet a beaucoup parlé de cet organe féminin qui se forme pendant la grossesse, est relié au bébé par le cordon ombilical et est expulsé à la naissance. Mais est-ce que tout le monde sait ce que c'est et à quoi sert le placenta ?
En fait, la véritable fonction du placenta vient d'être découverte par la science. Auparavant, on croyait que cet organe ne servait qu'à nourrir le fœtus dans le ventre de la mère. Les experts en la matière ne considèrent pas que ce type de poche joue un rôle aussi actif dans le développement in utero de l'enfant.
Cependant, la science a récemment découvert que le placenta est beaucoup plus important pour la mère et le bébé que nous ne l'imaginons. Selon des études, c'est cet organe qui décide de la quantité de nourriture qui va à l'enfant et de celle qui reste dans le corps de la femme enceinte.
Juge des aliments
Des tests sur souris, mis au point à l'université de Cambridge au Royaume-Uni, ont montré que les nutriments présents dans l'organisme sont littéralement disputés entre la mère et le bébé tout au long de la grossesse. Le placenta entre alors dans ce "jeu" comme une sorte de juge, une partie intermédiaire qui décide de ce match et, selon les conditions, choisit de nourrir la mère.
Comme l'ont observé les chercheurs, lorsque la femme enceinte (la souris) était exposée à des pénuries alimentaires, le placenta décidait toujours de favoriser sa survie et laissait les chiots mal nourris à l'intérieur de l'utérus. Ce comportement était également courant en l'absence d'une hormone génétiquement contrôlée appelée p110 alpha.
En raison de cette capacité à distribuer les nutriments, les scientifiques ont également conclu que plusieurs des problèmes de développement du fœtus sont liés au placenta. De bons exemples sont les bébés nés en sous-poids, les naissances prématurées, les cas de diabète pendant la grossesse. Intéressant, non ?
Placenta et Bela Gil
Revenons maintenant au cas de Bela Gil. Bien qu'il semble trop étrange, trop dégoûtant et trop cannibale, le placenta est vraiment une source abondante de nutriments et de protéines. Il est évident qu'aucune mère ne rôtira son propre placenta au barbecue du dimanche, ni même ne le battra avec des vitamines de banane, comme l'a fait le présentateur ; mais pour le corps d'une femme qui vient de quitter la grossesse, la "nourriture" que porte cet organe temporaire peut être d'une grande aide.
Comment le placenta est-il fabriqué ?
C'est un organe unique, temporaire. Le placenta a la particularité d'être constitué d'une partie embryonnaire, le trophoblaste, et d'une partie maternelle, l'endomètre. En donnant une couche de mésoderme extra-embryonnaire sur sa face interne, le trophoblaste fournit le chorion. À partir du chorion se forment les villosités chorales. Le placenta est constitué des villosités choriales et de la caduque basale (issue de la transformation de la couche fonctionnelle de l'endomètre). La face maternelle comprend les cotylédons polygonaux.
À quoi sert le placenta ?
Le placenta est généralement fonctionnel à la fin du troisième mois de grossesse. Il est l'organe d'échanges entre la mère et son fœtus, assurant sa respiration et sa nutrition.
Mais il a aussi une activité métabolique et endocrine. Il sécrète l'HCG dès sa formation puis, plus tard, les œstrogènes et la progestérone de la grossesse.
Il protège le fœtus des infections bactériennes et toxiques. Il règle le passage de certains médicaments. C'est pourquoi seul le médecin (ou la sage-femme) peut décider si la future maman peut prendre un médicament. L'alcool et les drogues sont tout autant dangereux pour le fœtus.
Peut-il y avoir des complications ?
Un décollement du placenta
En début de grossesse, le placenta peut se décoller légèrement. Cela provoque des saignements très impressionnants. Ces hémorragies restent heureusement sans gravité tant qu’il n’y a pas de contractions et que l’embryon poursuit son développement. Le plus souvent, le médecin conseille à la future maman de se reposer le temps que tout rentre dans l’ordre.
Une mauvaise position du placenta
En fin du deuxième trimestre ou au troisième trimestre, l’échographie ou des saignements peuvent également alerter sur une mauvaise position du placenta. Normalement, au fur et à mesure que l’utérus se développe, le placenta se déplace vers le haut. Certains restent en bas (placenta prævia) et recouvrent parfois le col de l’utérus, en partie ou totalement. En fin de grossesse, lorsque l’utérus grossit, le placenta peut s’éloigner du col de l’utérus. A l’approche de l’accouchement, la future maman est davantage surveillée car les saignements peuvent être importants. Le jour J, l’emplacement du placenta détermine si une césarienne est nécessaire ou si l’accouchement par voie basse est possible.
Un hématome rétroplacentaire
Plus rares enfin, certaines complications peuvent survenir en fin de grossesse et entraîner un hématome au niveau placentaire, qui interrompt la croissance du bébé. Ce phénomène accompagne le plus souvent une crise d’éclampsie, annoncée par une hypertension artérielle et des œdèmes importants.
Une surveillance accrue après le terme
Lorsque la grossesse dépasse son terme, la surveillance fœtale s’accroît. La future maman doit se rendre tous les jours à la maternité pour s’assurer de la santé du bébé. Ces précautions sont mises en place car le placenta vieillit et il arrive un moment où il n’assure plus sa fonction nourricière. Si le monitorage du bébé montre qu’il va moins bien, cela entraîne le déclenchement médical de l’accouchement.
Qu’advient-il du placenta après l’accouchement ?
Quelques minutes à peine après l’accouchement, les contractions de l’utérus reprennent. Elles permettent au placenta de se décoller, c’est l’étape de la délivrance. Lorsque le placenta s’est entièrement décollé, il suffit de pousser une fois pour qu’il sorte très facilement. À ce moment-là, la sage-femme l’examine attentivement pour vérifier qu’il est bien entier. En effet, si certains morceaux sont restés collés à l’utérus, cela empêche les petits vaisseaux de l’utérus de se refermer et risque d’entraîner une hémorragie. Le placenta rejoint ensuite les déchets hospitaliers qui seront incinérés.
Manger son placenta, une bonne idée ?
Depuis quelques années, on assiste à une nouvelle tendance venue des Etats-Unis : manger son placenta. Selon les dires de certains, cet organe renfermerait de puissantes vitamines qui permettraient notamment de faciliter les suites de couches, diminuer la dépression post-partum, favoriser l’établissement du lien mère-enfant. Le placenta pourrait également être utilisé comme un produit de beauté. Mais aucune étude scientifique n’a pour l’instant prouvé ces vertus. Et la conservation du placenta est en théorie strictement interdite en France.